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Cie Mossoux-Bonté

Retours de spectateurs

Les spectacles de la compagnie Mossoux-Bonté partent toujours d’une intuition claire, d’événements extérieurs.  « Il y a des choses qui nous frappent, qui nous font réagir. Aujourd’hui, des conduites particulières tournent autour des jeux de pouvoir pervers avec des pulsions qui n’ont plus de freins moraux. J’ai une impression : beaucoup de comportements affectent notre façon de voir les choses, de vivre et s’insinuent en nous. Tout cela se fait de manière douce. C’est ce que nous appelons le poison », explique Patrick Bonté (...).

Dans un laboratoire se retrouvent cinq scientifiques en blouse blanche. Sociologues, psychologues, psychiatres sont là pour décrypter nos habitudes, nos petits travers quotidiens, nos réflexes pas toujours avouables. Ils réfléchissent à la diffusion lente de ce poison.

Maryse Bunel, Relikto / Mars 2017

 

Quel que soit le domaine concerné, politique, économique ou social, l'Homme n'agit généralement qu'en fonction de ses intérêts personnels, privilégiant les comportements égoïstes par rapport à ceux qui s'avèrent rationnels et sages de l'Homo sapiens. Tout l'art de Patrick Bonté et de Nicole Mossoux, en dignes émules de Molière, consiste à utiliser la scène comme reflet fidèle de ces comportements humains (...).

Une fascinante mais ô combien réelle lecture (à peine surréaliste) de la société d'aujourd'hui.

Jean-Marie Gourreau, Critiphotodanse / Mars 2017

 

Un comité d’experts 

On les voit se saluer en se serrant la pince, après s’être soigneusement désinfecté les mains, comme s’il s’agissait d’un rituel social révolu et qu’ils cherchaient à en retrouver le sens. Eux, qui sont-ils ? Ils ont mis des blouses de laborantins, cela les a rendus experts, experts en mise en application d’injonctions absurdes. Ces non-sens, ils se les auto-infligent jusqu’à plus soif pour nous laisser voir jusqu’où ils peuvent s’infiltrer. Est-ce que ce sont nos désordres intimes qui remontent jusqu’aux hautes sphères ou serait-ce l’inverse ? D’ailleurs, ils se posent directement la question : aurions-nous le même comportement si nous étions chefs d’état ? Mais d’abord, qui sont-ils pour oser se poser des questions et qui a autorité sur les réponses ? 

Le spectacle n’a peut-être jamais tant résonné qu’aujourd’hui : que peut l’art - dont le caractère essentiel est plus que jamais mis en doute- face à la brutalité du réel ? En observant nos travers à la loupe, les cinq comportementalistes codifient une nouvelle archéologie du contemporain. Mais le réel n’est pas dupe, il ne se laisse pas prendre au piège, ni transposer dans une forme artistique qui le transcenderait - aussi tentant cela puisse-t-il être- en une image acceptable. Il nous reste la publicité pour tout maquiller...

Manon Dumonceaux / octobre 2020